La manifestation à l'Étoile du 11 novembre 1940
Toutes les années nous vous parlons de la commémoration du 11 novembre dans notre village.Toutes les années pour illustrer ce moment de recueillement nous ajoutons à notre article des photos.Mais cette année rien de tout cela, en cause le covid 19 .
Bien sur toutes les années le ministère expedie une allocution que chaque maire va lire, ne laissant pas de place aux idées et sentiments personnels.
Alors aujourd'hui il nous a paru bon de faire un peu d'histoire et de vous parler d'une date et d'un événement qui sera marquant dans l'histoire de notre pays.Qui sera aussi considéré comme le premier acte de résistance face à l’occupation.
Le 11 Novembre , l'Armistice de la première Guerre mondiale.Mais peu se souviennent de cet autre 11 Novembre, celui de l'année 1940.Pourtant, cet événement est reconnu aujourd'hui aussi comme la première réponse à l'appel du général de GAULLE
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LE 11 NOVEMBRE 1940
*Histoire et mémoires
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Origines de la manifestation
La manifestation du 11 novembre 1940 tire ses origines de plusieurs événements survenus peu avant. Tout d'abord, l'occupation de Paris depuis juin 1940 est une humiliation pour les Parisiens, et l'installation de l'armée allemande avec ses corollaires (panneaux en allemand, drapeaux nazis, etc.) marque la défaite française de façon particulièrement visible.
Plus tard, la poignée de main entre le Maréchal Pétain et Adolf Hitler à l'entrevue de Montoire le 24 octobre 1940 signe l'entrée dans la collaboration. Pour nombre de Français persuadés que Pétain était en train de préparer une revanche, c'est une désillusion.
Ensuite, la question de la commémoration du 11 novembre, traditionnelle et extrêmement importante depuis 1920, pose problème aux autorités allemandes (qui ne veulent pas d'une célébration de la défaite allemande de 1918) et aux autorités françaises (qui ne veulent ni déplaire au peuple, ni à l'occupant). Les autorités tranchent le problème en annulant les commémorations du 11 novembre et en préférant saluer les morts lors du 1ernovembre, jour de la Toussaint. Déjà, spontanément, dans un Paris où le sentiment anti-allemand se développe, 20000personnes sont passées déposer à l'Arc de Triomphe près de 500 bouquets le 1er novembre. De même, plusieurs incidents sont signalés entre des étudiants et des soldats allemands à l'université ou dans des cafés, dans les jours précédant le 11 novembre. L'arrestation de Paul Langevin le 8 novembre, grande figure scientifique et professeur au Collège de France, est également considérée comme un des éléments déclencheurs de la manifestation.
À la suite de l'annulation du jour férié traditionnel du 11 novembre, il est annoncé que pour les étudiants et lycéens ce sera un jour travaillé comme un autre. La lecture d'une circulaire interdisant les manifestations et commémorations est faite par les recteurs d'université et les proviseurs, annonçant indirectement aux jeunes qu'il y avait une tension sur le sujet.
Depuis le début du mois de novembre circule également un tract, particulièrement apolitique et rassembleur, transmis de la main à la main et manuscrit. Il appelle à la manifestation devant la tombe du Soldat inconnu le 11 novembre au soir:
«Étudiant de France,
Le 11 Novembre est resté pour toi jour de
Fête Nationale
Malgré l'ordre des autorités opprimantes, il sera
Jour de Recueillement.
Tu n'assisteras à aucun cours
Tu iras honorer le Soldat Inconnu 17h30
Le 11 Novembre 1918 fut le jour d'une grande victoire
Le 11 Novembre 1940 sera le signal d'une plus grande encore
Tous les étudiants sont solidaires pour que
Vive la France.
Recopie ces lignes et diffuse-les.»
Tract trouvé dans le hall de la faculté de médecine de Paris (conservé à la BDIC)5.
Déroulement de la manifestation
La manifestation du 11 novembre 1940 débute en fait tôt le matin à 5h30 quand André Weil-Curiel, Léon-Maurice Nordmann et Michel Edinger, membres du réseau du Musée de l'Homme, déposent devant la statue de Georges Clemenceau en bas des Champs-Élysées une gerbe «en témoignage d'admiration envers l'homme qui ne voulut jamais capituler et ne désespéra pas de la Patrie». La gerbe est entourée d'un ruban tricolore et accompagnée d'une «carte de visite» en carton d'un mètre de long, portant l'inscription «Le général de Gaulle à l'organisateur de la victoire».
La carte de visite et le ruban disparaissent au cours de la matinée ainsi que les nombreux bouquets qui avaient été déposés près de la gerbe par des mains anonymes. Un certain nombre d'arrestations sont effectués. Tout au long de la journée des Parisiens viennent sur la tombe du Soldat inconnu.
Dans la journée, le Quartier latin où sont les étudiants est calme, tandis que les lycées continuent leurs cours. Les étudiants et lycéens commencent à converger, par petits groupes, vers la place de l'Étoile à partir de 16h seulement. Un cas particulier, celui des élèves du lycée Janson-de-Sailly venus en groupe, avec une gerbe de fleurs de deux mètres de haut, en forme de croix de Lorraine. Lors de cette manifestation on relève la présence de André Weil-Curiel, Yves Kermen, François Bresson, Jean Ebstein-Langevin, Francis Cohen, Olivier de Sarnez, Germaine Ribière, Alain Griotteray6, André Pertuzio…
La manifestation arrive à son apogée vers 17h, où les estimations font état de près de 3000jeunes, lycéens, étudiants ou jeunes actifs, présents sur la place de l'Étoile et devant la tombe du Soldat inconnu. Une note de police rapporte qu'on y chante La Marseillaise, qu'on y crie «Vive la France», «Vive De Gaulle» ou, plus ironiquement, «Vive de…» en brandissant deux cannes à pêche (des gaules).
Des incidents éclatent entre des manifestants et des jeunes pro nazis français du Jeune Front, installés dans une boutique sur les Champs-Élysées. D'abord surprise, l'armée allemande riposte par des coups de crosse, ainsi que des tirs. Les manifestants se dispersent alors rapidement et de façon désorganisée. Vers 18h30 la manifestation est terminée, laissant une quinzaine de blessés dont cinq graves (parmi lesquels Pierre Lefranc, future figure du gaullisme)
La «manifestation des étudiants» du 11 novembre 1940 occupe une place bien identifiée dans l’histoire de la résistance française, celle de la première forme d’opposition publique aux Allemands, et elle suscite à ce titre l’objet d’un récit assez consensuel sur son déroulement et ses suites. Sources universitaires, policières et allemandes à l’appui, Alain Monchablon vient opportunément rappeler le caractère spontané de l’événement ainsi que la complexité de la composition des participants, des différents acteurs institutionnels impliqués comme des réactions allemandes et françaises, très dures même si elles ne firent pas de morts comme on l’a longtemps cru. Ces faits permettent alors, dans un bel exercice d’histoire de la mémoire, de dégager les logiques à l’œuvre dans la lente reconstitution du souvenir et notamment dans sa réappropriation communiste après-guerre. Les épisodes apparemment les plus balisés de l’histoire des réactions françaises à l’occupant recèlent ainsi des surprises qui permettent de mieux comprendre les situations du moment.
Quand les collégiens défiaient les nazis
*Info internet
https://www.cairn.info/revue-vingtieme-siecle-revue-d-histoire-2011-
Pour ceux que notre histoire passionne ou simplement pour information personnelle tapez sur votre clavier «11 novembre 1940»et vous trouverez un récit passionnant sur ces événements
Pour se souvenir de cet événement une plaque commémorative inaugurée le 11 novembre 1954 par René Coty au 156 avenue des Champs-Élysées, à l'angle avec la place de l'Étoile «Le 11 novembre 1940 devant la tombe de l'Inconnu les étudiants de France, manifestant en masse, les premiers résistèrent à l'occupant».
Plaque commémorative inaugurée le 11 novembre 2010 par Nicolas Sarkozy sous l'Arc de Triomphe : « En hommage aux lycéens et étudiants de France qui défièrent l'armée d'occupation nazie le 11 novembre 1940 au péril de leur vie ».
17 novembre2020